Les chambres du coeur, roman d’Anaïs Nin

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L’idylle amoureuse entre une jeune bourgeoise et un immigré guatémaltèque dans le Paris des années 1930. Djuna est une intellectuelle sensible et douce, qui place l’amour au-dessus de tout. Rango est un joueur de guitare un peu bohème et fantasque, marié à Zora, une ex-danseuse malade et surtout hypocondriaque, qui le retient en le culpabilisant, en jouant sur ses maladies réelles ou imaginaires. Trio malsain et ambigu mais bien réel, comme en témoigne la teneur autobiographique révélée par le journal intime de l’auteur et mise en lumière par l’avant-propos d’André Bay. L’analyse psychologique prend quasiment systématiquement le pas sur la narration romanesque. Elle est souvent pertinente mais pas moins ennuyeuse pour autant : j’aurais préféré que la densité des personnages se devine dans leurs actions plutôt que dans le discours de l’auteur…

Anaïs Nin s’essaye aussi à la poésie et elle parvient à un lyrisme de bon aloi, qui n’est pas mauvais mais n’atteint jamais les cimes. En somme, elle connaît son sujet et, même s’il n’est guère passionnant, il n’est pas totalement dénué d’intérêt (pour peu qu’on ait un peu de goût à l’étude du caractère des êtres humains), mais elle ne parvient pas à captiver son lecteur, qui s’ennuie. Elle a un certain talent, mais elle en montre surtout les limites. Et, si elle travaille, elle semble se lasser, comme le suggère une fin bâclée : on ne saura même pas comment se termine cet amour, dont on devine très vite une rupture qui ne surviendra pas, car l’auteur laisse ses personnages en plan, dans leur impasse, sans grand respect pour son lecteur. En somme, « Les chambres du cœur » est une œuvre très moyenne.