L’European Documentary Network (EDN), est une organisation internationale. Elle informe les professionnels du documentaire, sur les possibilités de financement et de production en Europe. Paul Pauwels la dirige depuis 2013. Un entretien réalisé par la SCAM, par Anne-Lise CARLO.
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L’ European Documentary network fête cette année ses vingt années d’existence. son rôle a-t-il beaucoup évolué durant cette période ?
Il y a plus de deux décennies, un petit groupe de professionnels européens du documentaire réunis alors à Marseille, a souligné la nécessité évidente de créer une organisation qui défendrait les intérêts de la communauté documentaire tout en étant un réseau professionnel de partage de connaissances et d’informations. Parti de rien, ce groupe n’a cessé de croître ensuite en nombre de membres. Au sein même de eDn, une équipe très motivée a réussi, au fil des ans, à construire ce relais solide du secteur documentaire. Je poursuis aujourd’hui cette mission initiale qui, bien sûr, s’est enrichie en fonction des besoins du secteur.
». Il a fallu les convaincre du contraire et leur donner confiance. L’Institute for Documentary Film à Prague, le Balkan Documentary Center à sofia, qui ont beaucoup de succès à présent, sont réellement des enfants de eDn
de différents pays et des réalisateurs avec des expériences différentes. Des collaborations naissent souvent ensuite de ces échanges.
À Lisbonne, il y a en général au moins quatre projets de films qui déjà trouvent des coproducteurs. C’est très important parce que cela aide à la construction d’un monde professionnel et européen du documentaire face à un Netflix par exemple.
Lorsqu’un producteur belge travaille avec un producteur polonais sur un projet polonais, nous défendons concrètement la diversité européenne. De plus, les pays d’Europe de l’est ont tellement d’histoires intéressantes à raconter et le fait que ce soit justement un producteur belge qui permette de faire émerger une de ces histoires, je trouve cela particulièrement intéressant.
Dans ces ateliers, je dis toujours aussi aux gens: « ne vous méprenez pas vis-à-vis des gens que vous avez en face de vous dans les forums. Ce ne sont plus eux qui prennent la décision finale d’acheter ou pas votre projet. Dépêchés par les chaînes télé, ils deviennent ensuite vos avocats car ils doivent ensuite pitcher eux-mêmes votre projet devant toute leur hiérarchie et le département financier. Et au minimum six ou huit mois après, avec un peu de chance, ils reçoivent le feu vert pour votre film ».
Catherine Le Goff ou Thierry Garrel chez Arte ont toujours fait des choix judicieux, sans crainte de prendre des risques. À présent, les chargés de programmes sont très peureux. Il n’y a guère que Mette Hoffmann Meyer de la télévision danoise qui continue d’imposer son audace mais elle sera bientôt, elle aussi, partie.
En fait, vous parlez vous aussi à un dinosaure ! J’ai été moi- même producteur de la fin des années quatre-vingt à 2004, date à laquelle j’ai vendu ma société car je tirais déjà un bilan assez négatif des changements dans le paysage audiovisuel. Mais jusque-là, j’ai vécu une époque dorée du documentaire. J’ai été ensuite pendant deux ans chargé de programmes pour la télévision publique flamande VRT.
Ce fut les deux années les plus misérables de ma vie mais j’ai appris énormément des processus de décision dans une chaîne de télévision. Aujourd’hui, en 2016, je vois encore de très bons producteurs raccrocher, épuisés par ces combats pour défendre le documentaire, et cela m’attriste…
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