Un moustique dans la ville – Erlom Akhvlediani

blue
Tous les moustiques de Géorgie sont morts, tous sauf un, un moustique aux yeux bleus investi d’une mission suprême : affronter les mains de son assassin qui l’attend quelque part en ville.


Cet être pas plus gros que trois poils vole d’une rue à l’autre, inspecte la chambre du meurtrier, guette l’heure du rendez-vous ultime. En passant, attention, sa piqûre peut aussi donner l’amour et deux jeunes gens pourraient bien y succomber avant que le livre ne s’achève. Brillant, fantasmagorique, abracadabrantesque, débordant de folie et de poésie, Un moustique dans la ville mêle la métaphysique slave à l’imaginaire oriental, à l’instar de son pays, la Géorgie, pour un roman inoubliable. Erlom Akhvlediani a mené de front une double carrière de scénariste et d’écrivain. Son œuvre a notamment été traduite aux USA, en Russie et en Italie. Un moustique dans la ville a obtenu en 2011 le plus grand prix littéraire géorgien, le prix Saba.

Avant tout se poser les bonnes questions, de Ginevra Lamberti. Vu par les cultur’elle

Elle travaille dans un centre d’appels et s’appelle Gaïa. Créature hypocondriaque née de l’imagination (et de la vie) de Ginevra Lamberti. Un premier roman savoureux publié en août dernier par le Serpent à Plumes. Vu par Cultur’elle


 

Un premier roman très réussi, plein de drôlerie, de malice et de fantaisie, et dont la narratrice est immédiatement attachante par sa maladresse et son côté un peu lunaire. Mais la fantaisie parfois burlesque ne saurait occulter le vrai sujet du roman : le portrait d’une génération qui se cherche, précaire, qui a fait des études pas tellement adaptées au marché du travail, qui ne se voit proposer que des boulots absurdes et mal payés où il faut arnaquer des gens, et qui vit en collocation dans des appartements à moitié en ruine — à Venise, certes. Légèreté donc, mais aussi gravité, dans ce roman où il s’agit finalement de grandir et de devenir adulte, faire face aux aléas de la vie et à ses difficultés, et dans lequel on se retrouvera finalement tous, un peu. La fin est extrêmement touchante.
 
Lire la suite

Eaux Troubles

Une chronique initialement publiée chez 300 mille signes


Au commencement est la commande. Laure Mi Hyun Croset, écrivaine genevoise, me parle de la collection « Uppercut » que lance Giuseppe Merrone et sa maison d’édition, BSN Press, à Lausanne. Il s’agit de mêler sport et littérature, si possible dans un registre « noir ». À ce moment-là, je marque une pause dans le roman en cours, j’ai besoin d’oxygène, le mélange des genres m’intéresse. Parfait pour plonger.
Plutôt qu’une situation ou des personnages, je pense à une discipline sportive, c’est la contrainte. Je connais bien l’atmosphère confinée des piscines, le goût du chlore et la tension des compétitions. J’ai trois mois pour écrire ce récit court et tout doit être concentré en soixante pages, sans temps mort. Bizarrement, je dévie sur la trajectoire brisée d’une ex-plongeuse. Je sens poindre un désir de thriller en huis clos. Très vite se mettent en place trois personnages, dans un triangle humain fait de troubles progressifs. Mélanie est le personnage central vers lequel converge l’attention de deux hommes ; l’un est bienveillant (voire amoureux), l’autre beaucoup moins. À l’évidence, la violence sera le thème central du livre. Une violence que chacun subit ou fait subir, si tant est que cette pulsion archaïque soit ancrée en chacun de nous sous le vernis des apparences. Le récit se fait alors thriller, psychologique et réaliste, avec des références cinématographiques que j’aime distiller dans le récit. J’essaie aussi d’installer une esthétique des corps confrontés à l’élément aquatique et à la discipline sportive.

Leçons de grec de Han Kang, un roman vu par

Elle a perdu sa voix, lui perd peu à peu la vue. C’est le propos de Leçons de Grec, roman d’Han Kang publié par le Serpent à Plumes en août dernier, et qui figure sur la sélection du Médicis. Nathalie, blogueuse, livre son avis…

(…) J’avais beaucoup apprécié « La végétarienne » , attirée par la littérature asiatique, l’envie de retrouver la plume d’Han Kang était grande. Je me suis à nouveau régalée.

Lui est un professeur de grec ancien. Adolescent il avait quitté la Corée pour l’Allemagne. Atteint d’une maladie dégénérative, il perd progressivement la vue. Il décide alors de revenir seul dans son pays la Corée du Sud. Il y enseigne le grec ancien en cours du soir à une poignée d’étudiants. Il camoufle son handicap de plus en plus grand en portant d’épaisses lunettes..

Une de ses étudiantes l’intrigue. Elle est vêtue de noir et semble avoir perdu l’usage de la parole. En effet, ce n’est pas la première fois, elle était déjà entrée dans un mutisme étant adolescente….

 

Lire la suite

Ali Bécheur publie les lendemains d’hier

ali_lhAli Bécheur publie son nouveau roman : Les Lendemains d’hier, édition Elyzad.

Un fils parle de son père, enfant à la prunelle vive dans une Tunisie sous protectorat. Le petit garçon de la médina, soutenu par son instituteur, réalise enfin son rêve de devenir avocat. Autour de lui, prépondérants et indigènes se croisent sans se mêler, artisans des souks et cochers maltais s’affairent dans un monde qui chancelle sur la crête du chaos. Les deux conflits mondiaux, la main de fer du résident général, l’indépendance, autant de convulsions à affronter côte à côte pour le père et le fils. Entre confrontation et connivence, leur attachement est indicible dans une société qui impose la pudeur des sentiments.

Hommage émouvant au père et à l’enfance, Ali Bécheur nous offre ici, sur deux générations, une traversée du siècle magistrale et intime.

Belleville Shangaï Express, vu par l’Huma

belleville

Extrait d’une belle chronique de Jean-Claude Lebrun (l ‘Humanité-livres ) sortie à l’occasion de la parution de Belleville Shanghai Express (Grasset), de Philippe Lafitte.


Un monde parfait (2005) puis Étranger au paradis (2006), fictions d’une belle inventivité sur le monde contemporain, situaient l’auteur du côté de Michel Houellebecq et de ce qu’on peut considérer comme un nouveau réalisme critique. Vies d’Andy (2010), placé encore sous le signe d’une invention sans limites – Andy Warhol survivait à sa propre mort et assistait le 9 novembre 1989, à Berlin, à la chute du mur dont la foule s’arrachait les fragments colorés, en une poussée de fétichisme collectif –, confirmait l’originalité de cette écriture. Belleville Shanghai Express resserre aujourd’hui la focale sur le petit univers de Belleville, avec une brève échappée vers la mégalopole sur les rives du Huangpu, du côté du Bund et de Pudong.

La suite

Snac Bar #2

snac
 
 

Le Mardi 6 juin, à partir de 18:00, jusqu’à 20:00

A L’Autre Café
62, rue Jean Pierre Timbaud, 75011 Paris


 
 
 
 

Chaque premier mardi du mois, le Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs invite les auteurs et les compositeurs à se retrouver pour le verre de l’amitié. L’occasion de venir papoter librement, de faire des rencontres professionnelles ou de poser des questions au sujet du droit d’auteur, des pratiques professionnelles et de cette organisation professionnelle.

Etranger… vu par Fattorius

pl
 
 

Daniel Fattore ressuscite le troisième roman de Philippe Lafitte, Etranger au Paradis, paru en 2006 chez Buchet/Chastel. Un beau billet ! Extrait.


Revoir sa vie en une dernière nuit d’existence. Toute sa vie, de plus en plus vite. Philippe Lafitte signe avec « Etranger au paradis » un récit de vie imaginaire, porté par une plume volontiers allusive, qui s’ouvre avec un premier chapitre original…
« Vous ouvrez les yeux. », commence-t-il en effet. Ce n’est que peu à peu que le lecteur, interpellé, découvre qu’il adopte le point de vue d’un spermatozoïde, celui qui va gagner la course à l’ovule. La poésie et le choix des images restent cependant humano-centrés, faisant naître dans l’esprit du lecteur des images auxquelles, et pour cause, un spermatozoïde n’a pas accès. Et comme le récit est rédigé à la première personne du pluriel, l’auteur intègre son lecteur au roman en l’interpellant – et, en l’espèce, en lui disant, non sans un certain sourire: « Vous êtes un spermatozoïde ». Expérience saisissante…

La suite

Vincent…, vu par Véronique Presle

vincentVéronique Presle, auteure, a lu Vincent qu’on Assassine, de Marianne Jaeglé. Son livre du mois. Extrait.


Van Gogh. On a vu ses tableaux, on a peut-être lu sa correspondance avec Théo, on connaît sa vie « d’artiste raté » comme il se qualifiait lui-même. On a même pu aller sur sa tombe en passant par Auvers. Vincent qu’on assassine retrace précisément les deux dernières années de sa vie. La Maison Jaune d’Arles, l’Asile de Saint Paul, « Chez Ravoux » à Auvers .

En résumé, il peint avec Gauguin, fréquente la taverne, s’isole, déprime, se mutile. Théo continue de croire en lui. En 1890, Van Gogh est méprisé par le milieu. Dans le village, on l’humilie, on a parfois pitié de lui, et on lui tire dessus. S’appuyant sur des travaux d’historiens, ce roman donne ainsi une autre version de la fin de sa vie. Non pas un suicide mais un assassinat… Accidentel peut être, mais un assassinat. Van Gogh, dépossédé de tout, même de sa mort.

La suite

Vincent qu’on assassine, vu par Etudes

vincent
 

Etudes, revue de culture contemporaine, publie un joli compte-rendu de lecture de Vincent qu’on Assassine, de Marianne Jaeglé. Il est signé Véronique Petetin. Extrait.


Un prologue pour installer le suspense. Suivi des trois actes ou lieux du drame : Arles, mai 1888, l’Hôtel-Dieu de la même ville ; puis la maison pour aliénés de Saint-Rémy ; et enfin Anvers, mai 1890. Marianne Jaeglé a construit de façon rigoureuse ce roman qui retrace les deux dernières années de la vie de Vincent van Gogh. Elle a travaillé à partir d’une enquête, menée par deux Américains, prouvant que van Gogh ne s’est pas suicidé, mais a été assassiné « par accident ».

La Suite