« Vincent », recommandé par les libraires

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Note de Lecture de Lucie, libraire à l’espace culturel Leclerc. Merci Lucie !

« Et si Van Gogh ne s’était pas suicidé ?
L’auteur revient sur les deux dernières années de ce génie, aux prises avec ses tourments, la solitude et ces autres qui le condamnaient par avance. Elle nous montre la complicité qui l’unissait à Théo, son frère et sa relation tumultueuse avec Gauguin. Et surtout, par la force de ses descriptions, elle nous balade à Arles, à Auvers sur Oise aux côtés de ce peintre frénétique. Nous voilà nous aussi, submergés d’émotion devant la beauté des paysages, le chatoiement des couleurs. Passionnant !!! »

Les petits mots des libraires

Le maître de l’unicorne, un roman de Thierry Chambolle

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Thierry Chambolle publie ces jours-ci le Maître de l’unicorne aux éditions les Indes savantes.


Le Maître de l’Unicorne est un roman historique : que raconte-t-il ?

En 1514, le sultan de Cambaye, l’actuel Gujarat, donne un rhinocéros à Albuquerque, le gouverneur ds Indes portugaises. Celui-ci envoie ce cadeau encombrant à son roi Manuel 1er. Peu après, le roi décide d’en faire don au Pape Léon X. Un Indien, Ocem, accompagne cet animal jamais vu en Europe dans toutes ses pérégrinations. Il raconte dans ce roman cette aventure extraordinaire.

 

Comment avez vous travaillé pour l’écrire ?

Quand j’ai découvert qu’un rhinocéros avait séjourné quelques jours sur l’îlot d’If en 1516 et reçu la visite de François 1er à son retour de Marignan, j’ai voulu en savoir davantage et j’ai mené une véritable enquête qui m’a conduit jusqu’au célèbre rhinocéros de Dürer. J’ai ensuite imaginé ce qu’avait pu être la vie d’Ocem, son gardien, dont on ne sait pratiquement rien. Il a existé, il a voyagé mais qui était-il vraiment ? Je lui ai donné la parole.

Vous avez eu recours à un coaching d’écriture : que vous a apporté ce travail  ?

Énormément ! Comme j’étais assez novice, j’ai écrit d’abord un récit cursif très naïf dont je n’étais pas franchement satisfait. J’ai donc eu recours à Marianne Jaeglé qui n’a pas ménagé ses critiques… Je les ai trouvées toutes très pertinentes. J’étais en partie déniaisé et j’ai repris mon texte : définir le moment de l’écriture par Ocem ; donner de l’épaisseur au héros et aux principaux personnages qu’il rencontre ; visualiser réellement les scènes principales pour mieux les décrire, les mettre en scène. C’est grâce à cette aide renouvelée et à ce travail que ce projet de roman a retenu l’attention de plusieurs éditeurs. En particulier Les Indes Savantes. Sa collection Le Cannibale convenait particulièrement à l’histoire.

 

pour l’acheter : http://livre.fnac.com/a10106484/Jean-Franc-Chambolle-Le-maitre-de-l-unicorne

 

« Vincent qu’on assassine », roman

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Vincent qu’on assassine est paru aux éditions  Gallimard (collection l’Arpenteur), en avril dernier. Auto-interview pour les ateliers d’écriture Elisabeth Bing


 

De quoi parle ce roman ? 

Il retrace les deux dernières années de la vie de Vincent Van Gogh. En juillet 2014, je suis tombée sur la biographie de ce peintre par les historiens américains Naifeh et White Smith. Ils y démontrent que, contrairement à ce qu’on croit depuis cent vingt ans, Vincent Van Gogh ne s’est pas suicidé. Il a été assassiné. J’ai immédiatement eu une sorte de révélation : bien que la biographie ait rétabli la vérité, tout restait à écrire. Les faits étaient là, mais leur signification véritable manquait toujours : seul le roman, parce qu’il restitue la réalité dans ses dimensions factuelles, mais aussi sensorielles et émotionnelles, pouvait rendre compte de ce qui s’était passé à ce moment-là.
Je connaissais, bien sûr, l’extraordinaire correspondance de Vincent Van Gogh. Mais en avançant dans mes recherches, j’ai pris conscience du fait que ses lettres, bien souvent, ne reflétent qu’une dimension très partielle et très subjective de la réalité. Si on les met en relation avec d’autres points de vue, (d’autres lettres, par exemple, ou une simple chronologie) cela saute aux yeux. Là encore, le roman était la forme la plus appropriée pour faire vivre cela, parce qu’il fait coexister des subjectivités différentes, il donne à voir le monde dans sa complexité.

 

Le résultat de ce travail est-il un roman policier ? 

vangoghNon ! Certes, le roman retrace la mort de Vincent Van Gogh, mais il montre surtout l’effort du peintre pour faire aboutir son travail de création et pour faire exister sa peinture dans un monde qui le nie en tant qu’artiste.
J’ai été frappée de constater combien pour cet homme que nous considérons aujourd’hui comme un génie incontestable, la peinture était un combat, un effort, une conquête.  » Qu’est-ce que dessiner ? C’est l’action de se frayer un passage à travers un mur de fer invisible qui semble se trouver entre ce que l’on sent et ce que l’on peut.  » De nombreux passages du roman ont été écrits à partir des notations et des réflexions sur le fait de créer dont la correspondance de Vincent Van Gogh est émaillée.
Il y a là pour moi une continuité évidente avec mon livre Ecrire de la page blanche à la publication et le film Tu veux écrire réalisé par Jean-Luc Cesco. Même s’il est question de peinture et non plus d’écriture, la question de la création reste centrale.

 

Quelle est la part de fiction ? 

Elle est mince. Je n’ai pas d’imagination, d’une part. D’autre part, comme mon roman prétend rétablir une vérité par rapport à quelque chose qui serait de l’ordre du mythe,  – le suicide- j’étais tenue de respecter au maximum les données historiques. J’ai donc écrit à partir des documents dont je disposais.
J’ai travaillé dans la direction que Marguerite Yourcenar indique avoir empruntée pour écrire les Mémoires d’Hadrien : « J’ai tâché de reconstituer tout cela, à partir des documents, mais en m’efforçant de les revivifier ; tant qu’on ne fait pas entrer toute sa propre intensité dans un document, il est mort, quel qu’il soit. » Je disposais de la correspondance, des tableaux, de données biographiques : tout un matériau d’une fabuleuse richesse, que je me suis employée à vivifier de mon mieux.
Certains tableaux, par exemple les Tournesols, le Portrait du docteur Rey, ou encore la Berceuse, ont une histoire extraordinaire, que ce soit à cause de ce qui les génère, du moment où ils sont peints, ou à cause du destin des toiles. Ils sont en eux-mêmes riches d’un potentiel narratif immense. Il n’était pas nécessaire d’ajouter quoi que ce soit : mon objectif en tant qu’auteur était d’utiliser au mieux ce magnifique matériau d’écriture, d’en rendre compte avec la plus grande justesse possible.

 

Les Ateliers d’écriture Elisabeth Bing